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JeannotTheKiller: le carnet de bord
2 août 2012

Trail des mélèzes : le trou noir !

Préambule :

 

Cela faisait des mois que j’avais coché sur mon calendrier cette course. Et après les 40kms d’Annecy, j’avais mis beaucoup (trop ?) d’espoirs dans ce trail.

Il y a quinze jours, j’ai couru au total sur la semaine un peu plus de 5h (ce qui est beaucoup plus que d’habitude).

La semaine précédent la course, je n’ai volontairement rien fait pour faire du jus.

Mon hygiène de vie cette semaine n’a pas été bonne.

Mardi soir : coucher minuit.

Jeudi matin : lever à 6h00

Jeudi soir : coucher à 1h00 du matin après un apéritif, 2 verres de vin rosé et 2 crêpes.

Vendredi soir : coucher 1h00 du matin.

Samedi soir : coucher minuit

Dimanche matin : lever 5h00

Nombre de kilomètres parcourus en voiture sur la semaine (avant le départ) : 400 dont 90kms comme « simple » passager.

 

H-24 :

 

Je suis fatigué. Je me réveille à 10h15 ce qui ne m’arrive jamais. Je souhaite faire la sieste mais être à l’hôtel à Allos le plus tôt possible.

Il faut faire un choix : je fais une heure de sieste avant de partir. J’avais mis le réveil mais je suis réveillé avant.

Je commence à stresser car je sens bien que je suis fatigué et que cela n’est pas compatible avec une bonne performance : pas de performance maximale sans contexte optimal.

Je suis très sensible au sommeil et pour être bien il me faut au moins mes 7 heures par nuit dont 1 heure au moins avant minuit.

Pour aller de Toulon à Allos, Céline conduit mais je suis trop énervé, je n’arrive pas à dormir (mais ce n’est pas lié à sa conduite !). Je sens que le timing est trop juste : aller chercher le dossard à Beauvezer, aller à l’hôtel et enfin redescendre à Thorame basse pour manger.

Arrivée à l’hôtel : la réservation n’a pas été enregistrée. On nous colle une chambre désaffectée. Les lits ne sont même pas faits. Nous posons les affaires et partons pour Thorame basse avec la promesse que les lits seront faits.

Effectivement au retour les lits seront faits.

Je m’inquiète également pour Céline. Elle doit faire la rando de 21 kms mais je ne suis pas sûr de l’organisation : il y a deux bus à prendre, un temps d’attente entre les 2, etc.

 

H-2 :

 

Tout est prêt mais au moment de monter dans la voiture, je me rends compte que ma poche à eau fuit. Impossible de réparer. Au dernier moment, je suis obligé d’inverser ma poche à eau avec celle de Céline.

Sauf que :

  • Il y a 3 semaines j’avais acheté un tuyau isotherme dans la perspective des mélèzes pour avoir de l’eau fraiche en permanence : c’est donc raté !
  • J’avais mis un peu de sirop de menthe dans ma poche à eau alors que celle de Céline contient de l’eau pure.

Encore des détails mais qui viennent s’ajouter aux autres.

 

H-30 minutes :

 

Me voilà enfin prêt à partir sauf que j’ai froid et je suis visiblement un des seuls.

En écrivant ces lignes, je me rends compte qu’à ce moment précis je n’avais déjà aucune chance de terminer ce trail.

Non seulement j’ai accumulé les erreurs cette semaine mais finalement j’avais tellement envie de bien faire que je ne me suis même pas rendu compte sur la ligne de départ que c’était déjà perdu.

 

Les 5 premiers kilomètres : jusqu’ici tout va bien :

 

 Totalement inconscient du casse pipe vers lequel je m’engage, je m’en tiens à ma stratégie. Les yeux rivés sur le cardiofréquencemètre je fais les 5 premiers kilomètres en dessous de 85% de FCmax.

J’essaye de me détendre mais je suis tout de même dernier tonton et ça, ça m’énerve déjà.

 

Dans la première ascension, je sors les bâtons et je rattrape Eric. Mais plus ça monte, plus j’ai froid, plus je commence à douter.

 

Kilomètre 5 au kilomètre 12 : on s’accroche :

 

Tant bien que mal, j’essaye de ne pas décrocher Eric. Je suis obligé de forcer dans l’ascension mais dans la descente jusqu’au premier ravitaillement je suis facilement.

Au premier ravitaillement, une demi madeleine, un verre d’eau et ça repart en trottinant.

 

Km 12 au km 20 : la chute :

 

De nouveau le chemin s’élève mais cette fois ci, il n’y a plus de doute, je ne suis pas dans un grand jour. J’ai de plus en plus de mal à suivre Eric.

Alors que les mélèzes disparaissent pour laisser place à un paysage plus lunaire, je décide de tenter l’expérience mp3. Je m’arrête, sors mon casque, le branche à mon iphone et c’est parti pour une liste de lecture que je fais évoluer depuis plusieurs années et spécialement dédiées aux moments difficiles.

Mais l’expérience n’aura pas été concluante : au bout de dix minutes, je préfère entendre les bruits de la nature.

Au loin on voit passer des trailers qui redescendent la vallée, c’est dire si l’on est en retard !

 

Les kilomètres passent, je cours de moins en moins et je pense de plus en plus à l’abandon. J’ai 20 minutes de marge sur les barrières horaires mais à ce rythme là, je doute que je passerai à Ratery avant 13h00.

Je pense déjà à lundi matin, où je vais devoir me lever à 6h00.

J’ai de plus en plus envie de dormir à chaque pas.

C’est décidé, au contrôle, je vais abandonner.

 

Au milieu de nulle part, seule, la bénévole pointe. Je vois encore au loin devant Eric, derrière un trailer, seul.

Je lui demande si elle est venue en voiture. Et bien non, elle est à pied. Pour abandonner, il va falloir faire 7 kilomètres jusqu’au 2e ravito.

 

Km 20 au km 27 : l’atterrissage

 

J’ai du me faire violence une bonne cinquantaine de fois pour ne pas m’arrêter et me coucher.

A ma grande stupéfaction, il y avait encore du monde derrière moi. Certains n’ont même pas l’air affolé d’être aussi loin.

A 11h30 soit avec 10 minutes d’avance sur la barrière horaire que j’avais calculé (pour être à 13h à Ratery), c’est la délivrance. J’arrête.

La suite est beaucoup moins glamour. Seul retour possible : avec l’ambulance mais il a fallu attendre que tout le monde soit passé soit encore une heure d’attente.

Et pour le bouquet final : 30 minutes de chemin forestier avec une ambulance : ça secoue. Heureusement que je ne suis pas blessé, à part à l’âme !!

 

L’attente…

 

A 13h30 je suis sur le parking de la base de loisir à Allos. Si j’avais été seul, je serai directement rentré chez moi mais heureusement il y a Céline qui randonne et d’après mes calculs, il va falloir attendre au moins 2 heures.

J’ouvre mes fenêtres de voiture, me cale à l’arrière et dort difficilement 1h.

Pas de nouvelle de Céline, le téléphone ne doit pas passer où elle se trouve.

Je n’ai pas envie d’aller sur la ligne d’arrivée retrouver les autres tontons, je ne me sens plus le mérite de porter les couleurs.

Finalement je remballe mon orgueil et c’est avec plaisir que je retrouve les collègues.

 

Après 4 heures d’attente, Céline arrive enfin. Heureusement qu’il y en a une pour qui cela s’est bien passé et qui a monté l’encombrette !

 

Et après ?

 

Pour l’instant je digère. Je pense que j’ai bien fait d’abandonner. Compte tenu de ma forme du jour, cela m’a évité de souffrir inutilement. Inutilement car Eric que je suivais difficilement a été stoppé après l’encombrette. Je crois que l’analyse de l’échec est faite mais j’ai encore quelques doutes sur mon avenir en trail : arrêter et me remettre au VTT ? Me chauffer sur des trails courts avant d’allonger les distances ? Recommencer sur un long mais avec une hygiène de vie meilleure, particulièrement dans la dernière semaine ?

Niveau entrainement je ne suis pas sûr que le bloc lourd (pour moi) sans progressivité, quinze jours avant la course était une bonne chose.

Bref, il va falloir prendre du recul et tout d’abord se reposer.

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Commentaires
C
Vive le VTT :-)
JeannotTheKiller: le carnet de bord
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